Depuis la mort de ma fille il y a bientôt 3ans, j’ai découvert les vraies couleurs de mon entourage. Ceux qui sont là, et bienveillants. Ceux qui sont là et toxiques. Ceux qui sont là pour ne parler que d’eux et de leur bonheur.
J’ai fait beaucoup de tri dans ma vie, j’ai versé des milliards de larmes, hurlé mes trippes de colère et de jalousie devant les femmes enceintes, les bébés des autres, les maladresses et ceux qui pensent que malgré tout, tu devrais être contente pour eux.
Face à tant de connards, je suis toujours étonnée de voir MR Zéro hausser les épaules et continuer sa vie comme si de rien n’était, pardonner instantanément quand moi je veux rayer les gens de ma vie et de mon cœur.
Ayant été élevée par une mère colérique, rancunière et franchement pas tolérante, j’ai bien conscience que ma personnalité n’aide pas.
Tout ça pour vous dire qu’après avoir eu mes jumeaux, clôturant ainsi le chapitre PMA de ma vie, et après avoir fini l’allaitement j’ai décidé de m’autoriser à prendre des médocs.
J’ai donc demandé à ma sœur psychiatre de me prescrire une pilule magique pour pouvoir voler très très haut au dessus des connards et des coups de poignards, comme le fait MR Zéro.
Elle m’a prescrit de l’escitalopram 10mg au mois d’août, me disant que je faisais une dépression. D’ailleurs la notice dit que ce médicament soigne les signes de dépression profonde.
Je ne suis pas vraiment d’accord avec elle : j’arrive à dormir, manger, voir des gens, rire, faire des projets, me lever le matin etc. C’est juste depuis que j’ai perdu ma fille, j’ai un seuil de tolérance aux cons qui est à 0. Donc bref, j’ai accepté de prendre ces anti-dépresseurs mais de l’appeler la pilule anti-con.
Ma sœur a aussi insisté pour que je me fasse suivre par quelqu’un d’autre qu’elle et m’a recommandé un ancien collègue.
Je l’ai vu hier soir.
C’était tout simplement affreux.
Ce n’était que 7 mois de votre vie – non, c’était le bébé que j’ai attendu toute ma vie et son absence restera avec moi jusqu’à ma mort
Elle n’est pas née – ah mais si si, elle est née, sans vie. J’ai accouché par les voies naturelles
En parler à vos jumeaux à la rigueur, mais attention à ce que ça ne prenne pas trop de place – justement je ne suis pas d’accord, c’est important pour moi qu’elle ait la même place dans la famille que ses petits frères et sœurs. On ne fait pas deux poids et deux mesures.
Je pense qu’il faudrait envisager de vous séparer des objets qui vous font penser à elle, ça vous aiderait à passer un cap – jamais de la vie, j’ai si peu de choses qui me rappelle ma fille.
Quand on vous écoute on dirait que vous êtes plus une maman endeuillée qu’une maman d’enfants vivants – on ne va pas chez le psychiatre pour la première fois pour lui parler de ce qui va bien, si ?
Je ne suis pas d’accord avec votre concept de pilule anti con, vous portez déjà un jugement agressif sur les autres – donc les connards n’existent pas ?
Vous pouvez comprendre que comme votre fille n’a pas vécu ex-utero, les gens ne peuvent pas faire autrement…
Avoir allaité vos jumeaux pendant 7 mois c’est très bien, mais votre motivation (l’avoir fait pour leur donner le maximum de chances d’être en bonne santé malgré la contrainte que cela représentait) est morbide.
Je me demande si on lui a appris tout ça à la fac de médecine. Tu viens chercher de l’aide et tu en ressors avec des jugements (en sanglot x 100000).
La bonne nouvelle c’est qu’il m’a augmenté la dose de pilule anti con au max, pour me protéger face aux gens comme lui 😀.
Je n’ai vraiment plus envie d’essayer la psychothérapie (déjà vu 3 psychologies et 2 psychiatre plus ma sœur). Je veux juste ma prescription de pilule anti con et ne plus devoir raconter mon histoire. Mon cœur est trop lourd. Je ne peux pas encaisser des reproches en plus.
Ps : le seul que je rêverai de voir c’est Christophe Faure, un psychiatre qui connaît bien le deuil périnatal dont j ai vu plusieurs interventions TV et une conférence. J’ai l’impression que lui seul comprend ce qu’on traverse. Mais je ne vis pas à Paris donc ça va être compliqué.